En ce jeudi 25 janvier 2018, elles se sont donné rendez-vous à Aubagne. Elles sont 25 professionnelles de la toute petite enfance, fédérées autour du projet départemental de “la nouvelle vague”. Auxiliaires de puériculture, animatrices d’éveil, éducatrices de jeunes enfants, animatrice de Relais d’Assistantes Maternelles, directrices d’établissement, elles sont le réseau qui relie depuis 2016, les structures municipales (Aubagne, Les Pennes Mirabeau) et associatives (La Maison de la Famille et l’UFCV).
Aujourd’hui, c’est le premier séminaire artistique proposé par le réseau autour de la chanteuse et comédienne, Brigitte Cirla, directrice des Voix Polyphoniques à Marseille. L’enjeu est important: comment mobiliser la voix pour communiquer autrement avec les tout-petits, en équipe, avec les parents? Chantal Grosléziat, musicienne, pédagogue et directrice de l’association Musique en herbe déclaraient dans le journal Picotti:
“A côté des berceuses, il ne faut pas s’interdire de leur transmettre les chansons qui nous touchent en tant qu’adulte. Toutes peuvent plaire aux enfants, surtout si elles sont chantées “avec le cœur”. Cela peut être un air de jazz, un morceau de Brel ou de Brassens… À partir du moment où une chanson a du sens pour l’adulte, elle peut être partagée avec l’enfant”.
Dès lors, comment la voix peut-elle faire sens au-delà des usages habituels des comptines et berceuses? Comment accompagner les professionnelles à avoir confiance dans leur voix, trop souvent décriées?
Brigitte Cirla commence par une comparaison: en Italie, tout le monde chante, par plaisir! En France, chanter est réservé à “ceux qui savent”. L’expression “chanter faux” nous paralyse jusqu’à nous priver d’explorer cet organe complexe. Il ne s’agit pas de s’exercer à sortir un son juste, mais d’avoir conscience qu’il est en nous par plaisir!
Brigitte Cirla entre en scène, en jeu, pour mobiliser le groupe autour d’un objectif: prendre plaisir à chanter, avec méthode et rigueur, afin que nos verrous culturels sautent un par un. Avec chacune d’entre elles, elle guide de sa voix, elle accompagne de sa bienveillance pour que le chant soit l’expression d’un désir: celui d’être ici, de créer en collectif, pour se faire entendre autrement! Par petits groupes, elle donne le la à un, pour qu’il résonne chez un autre, et créer une symphonie vocale, une vague d’onomatopées, de syllabes et de mots.
Peu à peu, elle prête sa baguette de chef d’orchestre pour que certaines se transforment en fée d’orchestre. C’est drôle, souvent émouvant, toujours vibrant. D’exercices en exercice, Brigitte Cirla crée cette mémoire collective qui prépare chacune à se projeter dans un bien commun: celui de créer un nouveau répertoire musical et chanté, celui qu’elles co-construiront en mêlant leurs mémoires musicales avec le projet de la nouvelle vague.
Avec Brigitte Cirla, le réseau s’entend dans le lâcher-prise, où personne “n’a honte de sa voix”, parce que le non-jugement s’offre une partition où se posent les différentes couleurs de voix, socle d’improvisations jubilatoires!
Le lendemain matin, me voici en seul chef d’orchestre face à un choeur chantant. Je constitue trois groupes pour que la mémoire des chants de la veille s’inscrive dans le projet de “la nouvelle vague”:
“Quel serait le chant des bébés tutu?”, en référence au projet “bébé tutu” orchestré depuis décembre dernier par le chorégraphe Philippe Lafeuille.
“Comment la voix pourrait être le fil conducteur de la fête de l’amour de l’art prévue en juin prochain aux Pennes-Mirabeau, en partenariat avec le FRAC?”
“Imaginer trois temps chantés: l’accueil, la fin de la sieste et les transmissions aux parents”.
C’est ainsi que le chant relie ces trois projets et provoque une nouvelle vague de confiance, de partage et d’espoir dans l’avenir.
Rendez-vous est donc donné avec Philippe Lafeuille pour le prochain séminaire le 29 mars et début avril pour la fête de l’amour de l’art.
En attendant, chaque structure est invité à chanter les temps qui ponctuent la crèche, à oser le chant des bébés tutu et à se préparer pour la fête d’avril:
- Préparer en équipe une affiche métaphore de l’amour de l’art.
- L’interpréter en chantant.
- Venir le présenter à la fête et se laisser guider par Noémie Privat, artiste plasticienne, pour que chaque panneau soit assemblé afin de former le livre de l’amour de l’art.
- Accompagner petits et grands à créer leur déclaration d’amour à l’art.
- Tout-petits, parents et enfants se laissent guider par Brigitte Cirla, pour créer le livre vocal de “l’amour de l’art”.
Pascal Bély- Consultant Cabinet TRIGONE