“Bébé Tutu” en décembre 2017
Quatre quatre dynamiques de projet.
Rappel du projet
Les Griottes – Maison de la Famille – Tutufier la crèche créative
- Ici, nous entrons à pas feutrés. Deux binômes sont chargés de nous introduire dans deux sections. Elles appréhendent et sont en demande d’être accompagné. L’équipe dirigeante de la Maison de la Famille est présente dans le premier mouvement, la directrice des Griottes dans le second: le système d’observation est imposant!
- “Bébé Tutu” ne veut rien brusquer: il s’agit d’y aller à petits pas. À très petits pas. Comme si Philippe Lafeuille avait à créer les conditions pour que cela soit possible, là où ailleurs cela a été préalablement travaillé. Le travail est très minutieux: il s’agit d’être réceptif à l’intention, à l’attention, de faire en sorte que chacun soit présent, dans sa singularité. Les boules en tulle jouent une fonction essentielle: celle de déclencher le mouvement, que cela soit organique. Philippe est presque l’une des boules tant les enfants entrent en contact physique avec lui pour oser la portée, pour se laisser trainer au sol pour une relation glissante!
- Philippe Lafeuille ressent des professionnelles intimidées, à la recherche de ce qu’il faut faire. Mais il ne lâche pas la finalité du projet: “Bébé Tutu” est une invitation à faire mouvement par la rencontre des imaginaires.
Le projet: accompagner un collectif de professionnels à incarner par “bébé tutu” le projet de “la crèche créative” élaboré en juin 2016.
Les Cigalons – Maison de la Famille – Tutufier le rapport de Sylviane Giampino
- Ici “Bébé Tutu” a traversé tous les âges, des bébés jusqu’aux parents avec les grands dans un établissement ouvert à tous les arts et qui s’appuie sur le rapport de Sylviane Giampino comme socle de son projet.
- Ici, Philippe Lafeuille propose de nouvelles modalités relationnelles: laisser l’enfant venir pour qu’il nous invite à entrer dans son imaginaire tutufié. Il s’agit pour les professionnelles de ne plus être seulement en position de guidante, mais d’accompagnement afin que leur énergie atteigne le tout-petit. L’enjeu est de déconditionner l’espace de toute pression et d’offrir à chacun l’opportunité de faire ses premiers pas dans l’art. Cela positionne les professionnelles dans un dedans-dehors: s’imprégner de l’univers de “bébé tutu” tout en observant l’espace de liberté qu’il donne à chacun.
- Ici, « bébé tutu » crée de l’inattendu. Il humanise la crèche parce qu’il crée du relationnel au-delà des procédures habituelles: les tissus des costumes, les couleurs des murs participent avec la danse à créer un tableau qui casse l’espace fonctionnel pour laisser l’énergie de la relation circuler. Les boules en tulle jouent leur fonction d’objet transitionnel: celle de créer de la fluidité dans la communication pour que l’espace s’ouvre au-delà de ses contraintes spatiales. Avec “bébé Tutu”, les professionnelles sont actrices de l’oeuvre tout en étant des expertes du développement de l’enfant.
- Le travail avec les parents s’est montré particulièrement délicat: comment les accompagner à lâcher-prise dans le contrôle pour faire confiance à l’artiste et à la créativité des professionnelles afin d’expérimenter d’autres relations avec l’enfant?
Le projet: créer un espace dédié à “bébé tutu” au-delà de l’organisation classique. Un espace dont la finalité est d’expérimenter de nouvelles interactions entre tout-petits, professionnels et parents. Un espace d’observation pour faire liens avec les préconisations du rapport Giampino.
Le Relais d’Assistantes Maternelles de Cabannes – Liberté, égalité, fraternité, …tutufié!
- Au RAM de Cabannes, les assistantes maternelles se réunissent sous l’impulsion de leur animatrice. L’attente est forte pour cette matinée un peu particulière: sortir de leur isolement, s’ouvrir au monde extérieur, s’émanciper du rôle trop attendu des parents qui voient en elles leur double. Mais “bébé Tutu” provoque quelques appréhensions: “je ne sais pas danser”. Il est toujours intéressant de constater que l’art clive entre les sachants et les non-sachants. “Bébé Tutu” veut accompagner la sortie de ce clivage.
- Ici, l’espace est grand. C’est un studio de danse avec des miroirs. Philippe Lafeuille a donc tout un espace pour faire groupe, pour faire communauté éducative: “tous ensemble tutufiés”. L’enjeu est d’autant plus difficile que les enfants n’ont pas tous le même âge (certains ne marchent pas, tandis que d’autres galopent comme des marathoniens!). Ici “tutufier” consiste à créer de la fluidité entre assistantes maternelles et les enfants. Au départ, tout semble cloisonné: à chaque professionnelle, son enfant.
- Mais c’est sans compter sur le rôle de l’animatrice qui devient à cet instant, l’assistante du chorégraphe: elle anime, s’engage dans le mouvement. Peu à peu, les tout-petits s’emparent des tutus et parviennent à décomplexer les adultes. La communauté créative émerge. Les assistantes maternelles osent créer des mouvements (ah, le lac des cygnes!), s’aventurent à proposer des tableaux en osant détourner le tutu. L’animatrice crée un climat de bienveillance tandis que Philippe Lafeuille facilite la circulation des tout-petits dans l’espace physique et relationnel: il invite chacun à suivre l’enfant dans son mouvement comme une invitation à se laisser guider dans une autre forme de communication.
Le projet vise à animer le collectif pour diffuser “la danse des bébés Tutu “ dans les maisons des assistantes maternelles et des parents.
Crèche Garenne Ecureuils – Ville d’Aubagne – L’envolée des rossignols
- Ici, “bébé Tutu” est projeté dans un travail d’équipe. Le projet est très attendu. Comme en témoignent les tutus crées par le personnel et la constitution de deux collectifs. A l’image d’un artiste avant de monter sur scène, les professionnelles expriment un stress, mais aussi du questionnement (“je reste dubitative”, “je suis septique, qu’est-ce que cela peut apporter”).
- Philippe Lafeuille ressent une équipe en demande de travail. C’est donc elle qu’il va tutufier. Ainsi, sur l’air du Rossignol de Luis Mariano, les tout-petits assistent médusés à la métamorphose de leurs éducatrices: voici une inversion des rôles assez jubilatoire! Les tout-petits ont peut-être pour la première fois observé un cadre et un contexte dans lequel ils n’étaient pas au centre. Un cadre pour lâcher-prise, où leur présence d’observateurs a permis aux adultes de réduire la distance: nous étions tous des rossignols!