Lors de la formation « Art, créativité et toute petite enfance », Pascal Bély (consultant) a demandé à chaque participant de lancer la vague créative dans sa structure. Répartis en petits groupes, nous devions choisir une idée commune en lien avec notre vécu durant la formation. Cette idée avait pour but d’être diffusée dans chacune des crèches de la Maison de la Famille à Marseille, telle une vague créative qui déferle.
Le thème qui nous a animés à ce moment était de mêler la peinture et le mouvement en musique. »
Géraldine (VAE E.J.E)
- A travers une œuvre créative, créer du lien entre les différents acteurs de notre crèche : parents / enfants / professionnels
- Lâcher prise à travers des ateliers créatifs qui sortent de l’ordinaire
- Ateliers et lieu « renversants »
- Mettre en lien trois univers différents qui ne se rencontrent pas forcement : la peinture, le mouvement et la musique
- Rompre avec des pratiques et techniques traditionnelles : peindre assis, sur une feuille, pas sur le corps, faire attention à ne pas mettre de la peinture partout…
- Partager des moments privilégiés avec notre équipe de direction qui n’a pas souvent l’opportunité d’être sur le terrain lors d’activités artistiques
- Partager des émotions, des sensations différentes avec les enfants et les équipes
- Faire jaillir notre créativité enfouie
- Porter notre vague créative sur d’autres temps institutionnels (fête de fin d’année….).
- Une manière de proposer l’atelier aux équipes et aux enfants: être dans le libre mouvement, sans contraintes et consignes particulières, si ce n’est de ne pas courir pour ne pas glisser et de ne pas porter la peinture à la bouche
- Ne rien expliquer de l’atelier aux équipes pour l’effet de surprise et qu’elles se laissent porter naturellement et avec spontanéité tel un enfant.
« Sans rien dire nous entrons dans la salle de pause. Pour le moment, il n’y a pas de peinture. Nous ne donnons aucune consigne et les enfants investissent naturellement l’espace en marchant. Au bout de quelques minutes, la musique se joint à nous.
Puis l’une de nous prend un pot de peinture et sans mot, en verse quelques gouttes au sol. Nous observons la réaction des enfants et, un long moment, les laissons ou non toucher ces gouttelettes avec leurs mains, leurs pieds… Au fur et à mesure, chacune d’entre nous prend de la peinture et en déverse de petites quantités au sol… sur les draps… sur les feuilles de papier… Les enfants, tranquillement se laissent porter… Certains touchent la peinture timidement, pendant que d’autres y vont à pleines mains… sans autre matériel…..Certains encore ont besoin d’être en retrait, d’observer…assis sur le tapis.
Chacun occupe l’espace comme il le souhaite : certains peignent sur les draps, sur les feuilles blanches… pendant que d’autres s’assoient et commencent à peindre leur corps…
Les professionnels se prennent aussi au jeu et se laissent naturellement peindre…d’autres se roulent dans la peinture…impriment leur empreintes de mains sur leurs vêtements… font des dessins sur les toiles tendues… chacun, à sa manière, avec ce qu’il est et là où il en est, investi l’espace, le matériel et les différents propositions faites en musique.
Puis vient le moment où l’atelier doit s’interrompre, où les impératifs institutionnels reprennent la main… Progressivement, nous enlevons les différents matériaux … Nous baissons le volume de la musique.
A tour de rôle, les enfants sont douchés puis habillés pour retourner tranquillement en section. Nous rangeons tout le matériel, nettoyons le sol et réinstallons la salle du personnel.
L’espace d’un instant …et tout est redevenu « comme avant ».
« Cela permet de faire autre chose et de se lâcher ».
« C’était un moment agréable que l’on a partagé entre adultes et enfants »
« L’atelier m’a permis de réellement de participer avec les enfants, de me laisser aller avec eux. J’ai pu me poser avec ceux qui avaient plus de mal au début et pu profiter avec ceux pour qui ça allait. L’atelier a réuni plusieurs supports différents en même temps, ce qui a permis aux enfants d’appréhender chaque espace à leur manière (sol, murs, corps) »
« Chacun a emmené sa propre créativité, sa propre touche personnelle ».
« Les enfants ont pu s’exprimer librement sans qu’il y ait de « règles », ils étaient maitres de leur propre activité. Pour nous, cela nous a permis de profiter pleinement d’une activité (plusieurs professionnelles présentes pendant l’atelier). Sortir de la routine est autant bénéfique pour nous que pour les enfants. Le changement d’espace et de lieu est aussi important. »
« Chacun et chacune ose un peu plus, à son échelle, avec ses compétences et ses possibilités ! »
« Mettre en place la vague créative dans notre crèche m’a permis de réellement prendre conscience de l’énergie qu’il faut mobiliser pour mettre en place un projet artistique et le proposer aux enfants, au professionnels…Et puis, dans ces moments-là, il y a un lien tout particulier qui se tisse entre celui qui est dans la proposition artistique et les enfants..
« Je pense que cela demande d’être dans un lien de confiance entre professionnels de terrain et Direction. Cela a également permis aux professionnels de voir autrement, différemment leur équipe de Direction et que chacun s’est autorisé à sortir d’une certaine routine y compris « hiérarchique ».
Ce qui me tient à cœur c’est de montrer qu’il est possible de mettre en lien cette vague créative avec nos impératifs institutionnels et les responsabilités qu’engendre l’accueil du tout petit au quotidien.
La vague aux Garriguettes a permis de bouleverser les codes le temps d’un moment, mais surtout de poursuivre ces temps « renversants » avec notamment la journée créative.
La question étant pour les années à venir : Ces journées permettent-elles à toutes et tous de percevoir le lien entre responsabilités, créativité et spontanéité ?